Il est essentiel pour les gouvernements africains de rebâtir plus solide après la crise de coronavirus en investissant dans l’énergie durable, un des principaux objectifs de relance, et en reliant les investissements de relance au renforcement des fondations d’un développement durable futur.
Telles sont les paroles prononcées ce mercredi, par la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Mme Vera Songwe, et le Secrétaire général des Solutions énergétiques renouvelables pour l’Afrique (Res4Africa), Roberto Vigotti, dans une déclaration conjointe suite à la publication d’une étude par leurs institutions explorant les effets du COVID-19 sur les économies africaines et leurs secteurs énergétiques.
L’étude, réalisée en partenariat avec SDA Bocconi et avec le soutien du Bassin énergétique d’Afrique australe (SAPP) et des Femmes éthiopiennes dans l’énergie (EWiEn), analyse le rôle des énergies renouvelables dans la phase post-COVID-19 et fournit des recommandations politiques visant à soutenir la croissance dans un nouvel équilibre durable.
L’Afrique, comme le reste du monde, a été gravement touchée par la propagation du COVID-19 au cours des derniers mois, avec des estimations de 5 à 29 millions de personnes, réduites à vivre sous le seuil de pauvreté.
« Dans ce contexte socio-économique particulier, la pertinence stratégique du secteur de l’énergie pour garantir le bien-être de nos villes et de nos populations devient encore plus claire », indiquent Mme Songwe et M. Vigotti dans le communiqué.
En particulier, ils conviennent de la nécessité d’équiper d’urgence l’Afrique d’un réseau d’établissements hospitaliers et de centres de santé disposant d’un accès sûr et fiable à l’électricité et de stimuler le développement socioéconomique du continent.
« L’accès à l’électricité pour les 600 millions de personnes en Afrique qui n’en ont toujours pas doit être garanti. En cette période d’incertitude, il est important d’allouer plus d’investissements pour rebâtir plus solide, y compris dans le domaine vital de la transition énergétique vers les énergies renouvelables », ajoutent Mme Songwe et M. Vigotti.
« De tels investissements dans les énergies durables aideront à atténuer les effets du changement climatique, tout en élargissant l’accès à l’énergie. Cela sera essentiel, grâce aux élans économiques et financiers qui suivront cette crise, de bâtir et de renforcer le système énergétique de manière propre et durable, en poursuivant une décarbonisation profonde et en préparant un système socio-économique plus résilient aux chocs extérieurs tels que la crise de COVID-19 ».
Dans le même temps, lors d’un webinaire organisé par Res4Africa et la CEA qui s’est tenu ce mercredi sur « Les effets du COVID-19 dans le secteur de l’énergie en Afrique », les panélistes conviennent que pour rebâtir plus solide, il faudra placer les investissements énergétiques durables au cœur de la stratégie de relance du continent.
Le secteur des énergies renouvelables, conviennent-ils, peut jouer un rôle fondamental dans la lutte contre les effets désastreux du COVID-19 grâce à des mesures de relance visant à inciter un redressement économique qui renforceront les fondements du développement durable grâce à des investissements stratégiques dans l’énergie durable.
L’accès à une énergie fiable et durable est un besoin crucial et est encore plus important aujourd’hui pour soutenir les services essentiels pendant la crise mondiale.
Les panélistes conviennent que les investissements dans les énergies renouvelables à grande échelle contribueront à soutenir une croissance économique soutenue, notamment en renforçant les chaînes de valeur locales et en soutenant les emplois locaux.
Ils plaident pour des changements de politique afin de soutenir les investissements dans les sources d’énergie durables et renouvelables pour permettre des changements structurels vers des systèmes énergétiques à faible émission de carbone et plus résilients.
M. William Lugemwa, Directeur de la Division du développement et du financement du secteur privé, à la CEA, déclare qu’après la pandémie, le secteur privé africain sera déterminant pour diriger la transition énergétique ambitieuse dont il a tant besoin. L’énergie renouvelable, dit-il, est cruciale pour la relance de l’Afrique post-COVID-19.
« Nous, à la CEA, nous sommes engagés comme jamais auparavant à poursuivre toutes les formes de coopération pour le développement afin de répondre au besoin urgent du continent de se remettre des ravages du COVID-19 et de fournir le soutien politique et technique nécessaire aux décideurs africains pour reconstruire et rebâtir plus solide », dit M. Lugemwa.
Pour sa part, M. Mateo Di Castelnuovo, Directeur du laboratoire africain au SDA Bocconi, déclare : « Les preuves montrent que les énergies renouvelables sont les meilleures pour l’approvisionnement en énergie dans les centres de santé, l’agriculture et l’éducation en Afrique. Un système énergétique résilient et une transition énergétique propre sont fondamentaux pour chaque pays et la voie de la relance ».
Le Chargé des affaires économiques de la CEA, M. Yohannes Hailu, dit que les Nations Unies recommandent une série de mesures pour que les nations se remettent de cette crise et rebâtissent plus solide vers un développement durable. « La santé et l’énergie sont la première priorité et reliées entre elles. Aucun développement ne peut être durable s’il laisse plusieurs centaines de millions de personnes dans l’obscurité », dit-il.
Filagot Tesfaye, Présidente d’EWiEn, dit qu’en Éthiopie, il y a eu une augmentation de l’énergie exportée pendant la crise, de février à mars. Elle ajoute que la consommation d’énergie en moyenne tension dans le pays montre une augmentation inattendue alors que le taux de consommation des clients commerciaux et résidentiels connaît une baisse ».
Pour sa part, le PDG d’Enel Green Power, Antonio Cammisecra, indique que son organisation « s’efforce d’offrir les investissements qui sont déjà prévus dans le secteur de l’énergie pour avoir l’élan le plus percutant pour la relance. Et le seul moyen de relance consiste à utiliser les énergies renouvelables ».
Mme Rabia Ferroukhi de l’IRENA affirme que son organisation a créé une voie énergétique ambitieuse qui fournira des solutions de décarbonisation à long terme au cours des trois prochaines années, ajoutant que des millions d’emplois seront créés avec des investissements accrus dans les énergies renouvelables.
Les décisions que les gouvernements et les institutions publiques prennent actuellement façonneront le développement de l’Afrique pour les années à venir, convient le panéliste.
SOURCE Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique